(1880-1940)
Pour qui se rend régulièrement à Montoire par la route départementale 94, les maisonnettes sur le bord de la route lui sont familières.
Il s’agit de petites maisons de garde-barrières. Il y en a 9 de la Croix du Préau au Grand Ri.
La ligne en question ; Tours – Pont de Braye appartenait au réseau des chemins de fer de l’OUEST, rachetée en 1908 par l’état.
La loi du 15 juillet 1845 met en demeure que « partout où les chemins de fer croiseront de niveau les routes en terre, des barrières seront tenues fermées ».
Et l’ordonnance du 18 novembre 1846 impose des passages à niveau gardés.
Des cantonniers vont être requis par les compagnies de chemin de fer pour tenir fermées ces barrières et il devront aussi assurer l’entretien et la surveillance des voies ferrées.
Dans un premier temps les compagnies vont utiliser des cheminots âgés ou blessés pour effectuer ce gardiennage et ils construiront des guérites pour les protéger des intempéries.
Mais les fonctions de gardiennage et d’entretien ne sont pas toujours compatibles.
Ainsi dans un deuxième temps, les compagnies vont choisir de faire loger sur place un agent et son épouse en service 24h/24. L’épouse sera chargée de l’ouverture des barrières.
Ce logement rentre dans la rémunération de l’agent comme un supplément mais sans aucune rétribution pour l’épouse car elle seconde son mari, lui seul salarié de la compagnie.
Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que les compagnies lâcheront une indemnité, mais en appoint du salaire du mari.
En 1900 elle sera de 5 francs par mois alors qu’un cheminot gagne à cette époque au moins 100 francs. Elle passera à 10 francs après les grèves de 1910 avec une échelle de 5 classes, en fonction de l’ancienneté.
Dans les années trente, une garde-barrière de 1ère classe gagnera environ 1500 francs par an.
A Fontaine une garde-barrières, proche du bourg, tiendra même cantine chez elle pour les enfants scolarisés ne pouvant à l’heure de la pause de midi rentrer chez eux à la ferme.
Pas d’uniforme pour la garde-barrières mais un chapeau de cuir bouilli, une trompe en cuivre toujours astiquée et un drapeau rouge.
Des maisons vont être construites, toutes sur le même type.
Elles comprenaient, au rez-de-chaussée, une salle commune et une chambre. Par un petit couloir, on accédait à l’escalier menant au 1er étage qui se composait de 2 chambres mansardées.
Le passage de trains était relativement impressionnant et la nuit, ça l’était encore plus ! Le sol se mettait à trembler, les objets mal calés s’entrechoquaient…
C’était un métier exposé aux intempéries mais aussi à l’impatience des gens parfois irascibles quand ils se trouvaient face aux barrières fermées.
Entre les deux guerres, apparaissent les barrières à bascule qui ne devaient être fermées que 5 minutes avant l’heure réglementaire et ré-ouvertes dès le passage du train.
Les voies comme beaucoup d’édifices ont été démontées sous l’occupation pour récupérer le métal.
Aujourd’hui il n’existe plus de garde-barrières à Fontaine, ni de train d’ailleurs…sauf notre TTVL, le Train Touristique du Val de Loir qui passe encore à la Croix du Préau.
Mais là ce sont des bénévoles en gilet jaune-orangé qui agitent désormais le drapeau rouge.
Philippe BRAEM